Julie

Fête de fin de master en ingeniérie à l’école polytechnique de Zurich, le comité d’organisation nous demande de préparer des gâteaux pour l’apéro . Le hic: seulement des filles se sont inscrites.

Juliette

Pour se rendre à un concert avec une amie, nous avons pris le RER. Notre erreur a été de nous habiller en short et en jupe, avec des collants opaques. Un homme nous a hurlé dessus pendant toute la durée du trajet, dans une langue qui nous était étrangère, ne hurlant en français que pour nous dire de sortir du RER, avec claquage de doigts. Il montrait nos tenues tout en déblatérant. Un groupe de jeunes hommes, qui semblaient comprendre ce qu’il disait, riaient. Nous avons uniquement pu lui lancer des regards noirs, nous sentant presque honteuses et en danger, car il s’était approché de nous et se levait parfois pour assurer sa domination. Nous ne voulions pas lui donner gain de cause en changeant de rame et avons donc subi ses hurlements pendant près d’une demi-heure…

R. Jb

Ma mère persiste à dire que je suis une “littéraire”. Sauf que j’ai majoré en mathématiques en prépa et étais en bas du classement en littérature.

Nathalie

Quand j’ai pris mes lecons de conduite pour passer le permis, à 18 ans, il y avait deux moniteurs à l’auto école. Le plus jeune était un type qui se prenait pour Casanova et trouvait amusant de me raconter ses exploits sexuels pendant les lecons de conduite. Lorsqu’on faisait une erreur, il paniquait exagérément et s’exclamait que les femmes au volant étaient un véritable danger. En tant que professionnel de la conduite, il aurait sans doute du connaitre les statistiques qui disent exactement le contraire, mais passons. Le plus âgé était encore plus sournoisement misogyne. Un jour, alors que je rabattais le pare-soleil un peu brusquement, il s’est exclamé que je me comportais “comme un mec” et qu’il croyait pourtant que les femmes étaient plus délicates que ca avec les objets. Pendant toutes mes lecons de conduite il a continué à me faire ce genre de réflexions sur le fait que je n’étais pas assez délicate et féminine. En gros, pour lui, une femme devait passer les vitesses du bout ses ongles manucurés, alors qu’un homme pouvait se permettre une conduite plus sportive. En France, en 2000. Enfin, estimons nous heureuses au moins de pouvoir conduire, puisqu’en Arabie Saoudite il parait que leurs ovaires les empêchent de prendre le volant.

Nathalie

J’avais environ 13 ou 14 ans, dans la rue avec une copine, le printemps sur la côte d’azur, il faisait chaud, on était en jupe. Une bande de garcons passent, ils étaient plus jeunes que nous me semble t il, sans doute 12 ans guère plus: “Fermez les jambes salopes!”. Abasourdies, nous n’avons pas su comment réagir. C’était notre première rencontre avec le sexisme et la violence verbale gratuire envers les femmes. Ca nous a profondément marquées. C’était dans les années 90, et au vu de ce que j’entends, les choses n’ont malheureusement pas beaucoup évolué. Aujourd’hui je me demande ce qu’il peut se passer dans la tête d’un garcon de 12 ans, qui sort à peine de l’enfance et qui est sans doute dépendant de sa mère, pour qu’il puisse traiter une fille de son âge de salope et lui demander de fermer les jambes, comme ca, sans raison. Quelle éducation a t il recue ? Où a t il vu ca? A l’époque on n’avait pas internet, pas de coupable facile, alors je crois qu’il faut sérieusement se pencher sur l’éducation qu’on donne aux garcons.

Nathalie

Mon père a toujours eu peur d’être en voiture avec ma mère ou moi-même au volant. Je suis fille unique, il n’y a donc pas d’autre homme dans la famille, et pendant des années j’ai pensé qu’il avait simplement peur que quelqu’un d’autre que lui touche à la précieuse voiture. Et puis j’ai commencé à avoir des copains et je me suis rendue compte qu’il avait beaucoup moins de problèmes à céder le volant à mon ami. Aujourd’hui, pareil, si nous devons partager la voiture, il laisse volontiers mon mari conduire s’il est trop fatigué, mais il se montre extrêmement nerveux si ma mère ou moi prenons le volant. C’est le genre à hurler “attention” et à faire sursauter tout le monde si une voiture approche à l’intersection. Je précise que ma mère et moi conduisons depuis des années sans le moindre incident, et de manière normale. Mon père, en revanche, a énormément de mal à voir la nuit, ce qui nous amène sans cesse à le supplier de céder le volant pour une raison de sécurité, mais il n’y a rien à faire, il se juge plus apte que nous à manoeuvrer une voiture alors qu’il ne voit rien! En plus, il n’hésite pas à prendre un verre ou deux avant de conduire. Mais ca, ca ne lui semble pas dangereux! Après une sortie au restaurant, par exemple, s’il fait nuit et qu’en plus il a bu, il faut que ma mère argumente avec lui pendant des heures pour qu’il accepte de lui céder le volant. De mauvaise foi, il prétexte qu’il veut lui épargner de la fatigue. Lorsqu’elle finit par le convaincre, il se raidit tellement sur le siège et crie “attention” tellement souvent que ca en devient dangereux, et elle finit par abandonner. Si c’est une sortie de groupe et que nous pouvons partager une voiture, alors lorsqu’il fait nuit il accepte de céder le volant, mais seulement à mon mari, tout naturellement (et il est bien soulagé de le faire, car il sait bien qu’il ne voit rien). C’est mon propre père et je suis obligée d’admettre que oui, sur ce plan là, il est totalement sexiste et je ne sais même pas s’il s’en rend compte. Ma mère en plaisante en disant qu’il est d’une autre génération, mais moi il y a longtemps que ca ne me fait plus rire.

Berenice

En attendant le bus, près de chez moi, je n’avais pas mangé ce matin alors je sors une pomme, je croque dedans à pleine dent avant de tranquillement écouter ma musique, jusqu’à ce qu’un homme, la quarantaine, marche vers moi et me dise, “Attention mademoiselle, vous êtes trop jolie pour finir comme Blanche Neige,” Amusée par la remarque originale je lui demande en souriant ce qu’il veut dire par là, il me montre la pomme, et me dit que bah oui, Blanche Neige a été empoisonnée par une pomme, je ris de bon coeur avant de me retourner, mais pas avant qu’il ne me dise, avec un sourire en coin, qui n’a plus rien a voir avec le sourire poli et joviale d’il y a dix secondes,”J’habite juste là, dans mon appart, si tu veux monter on peut apprendre à se connaitre un peu mieux…” C’est bête, j’avais presque cru à un moment magique où un homme aurait su quand s’arrêter…

Marie

Je m’amuse en soirée, avec des gars, comme les gars le font avec des filles, ce sont les petites choppes de soirées. J’en parle à mon ex (qui était alors un ami) et il me déconsidère, me dit de faire attention à ma réputation, car les filles n’ont pas le droit de faire ça. Il veut me protéger de ce que vont penser les autres, mais ça signifie que lui aussi le pense : une fille ne peux pas s’amuser avec un mec en soirée sinon elle a mauvaise réputation

Julie

Lors d’une visite dans un musée, un bénévole nous explique son travail de fabrication d’un objet. A chaque question d’ordre technique, il m’ignore totalement et regarde mon copain. Quoi ? Une fille ne peut pas comprendre quand on parle d’outils industriels ??

J

Je suis seule à mon bureau, un collègue vient et je commence à remarquer que la factrice n’est pas polie avec moi. Je dis la phrase “j’en ai marre de me faire emmerder, je suis jeune j’ai aussi droit au respect.” Réponse : Oulalalala tu as tes ragnagna? Comment ça se passe t’es bien vulgaire c’est moche dans la bouche d’une fille.”